Le QI est le trait psychologique facilement mesurable qui est le plus important car il est le meilleur prédicteur de votre réussite et de vos résultats dans la vie, à tous niveaux. 

 Rappelons rapidement les principaux enseignements de notre premier article sur le QI et sa définition

  • Le concept d’intelligence en psychologie renvoie à l’intelligence générale, qui est une mesure de l’efficacité du fonctionnement cognitif d’un individu. C’est une moyenne des performances des principales capacités cognitives d’une personne.
  • Toutes les capacités cognitives d’une personne sont corrélées entre elles (entre 0,6 et 0,9), d’où la pertinence de la notion de QI.
  • Le facteur g est le facteur commun à toutes les facultés mentales, ou plus précisément la variance partagée existant entre plusieurs mesures de capacité cognitives.
  • Les psychologues qui étudient le QI s’accordent depuis longtemps sur la validité de sa mesure et la pertinence de cette notion.

Une fois que ces fondements sont établis, il s’agit maintenant de montrer pourquoi le QI est aussi important, et pourquoi il est très intéressant de le mesurer. En fait, des centaines d’études sur le sujet ont établi que le QI est directement relié et corrélé à des dizaines de traits objectivement désirables dans la vie, telles que le succès financier, le statut socio-économique, le niveau d’étude, les résultats scolaires, le caractère coopératif, la performance au travail, la santé mentale, la santé physique, l’espérance de vie et le comportement pro-social. Naturellement, il est aussi négativement corrélé avec des traits indésirables, tels que la délinquance ou les risques de décès.

 Evidemment, comme se plairaient à le rappeler beaucoup de sceptiques, “corrélation n’implique pas causalité”, et nous n’affirmons pas ici que le QI est la cause de tous ces éléments. En revanche, on peut constater qu’il n’existe aucun trait psychologique qui puisse prédire un tel nombre de résultats. Par ailleurs, il faut comprendre que l’intérêt du QI est qu’il se mesure très facilement, d’où son importance! 

NB : En réalité, même s’il ne mesurait pas l’intelligence, l’importance du QI n’en serait pas pour autant diminuée, puisque sa mesure donnerait dans tous les cas un grand nombre d’informations.

Nous pourrions citer des centaines d’études ici, mais nous allons nous restreindre à en mettre en avant quelques unes pour chaque corrélation que nous établissons, c’est-à-dire pour chaque élément que le QI prédit. Notons que nous citerons entre guillemets des conclusions des articles traduites de l’anglais au français, par commodité. Notons également que nous utiliserons indistinctement les termes “QI”, “intelligence”, “capacités cognitives” et “capacité mentale” comme des synonymes. C’est légitime selon les conclusions de notre premier article de définitions sur le quotient intellectuel.

Le corrélation du QI avec le salaire et le statut socio-économique

En 2007, Strenze publie dans la revue Intelligence une méta-analyse sur le lien entre intelligence et succès socio-économique, intitulée Intelligence and socioeconomic success: A meta-analytic review of longitudinal research. Il en conclut que “les résultats démontrent que l’intelligence est un puissant prédicteur du succès” socio-économique.

La même année, dans leur article “Cognitive Epidemiology”, Deary et Batty écrivent que “l’intelligence est corrélée significativement avec la position socio-économique”.

Une étude de Kell, Lubinski et Benbow (2013) intitulée “Who rises to the top? Early indicators” se penche sur le destin de 320 surdoués de 13 ans, qui sont dans les meilleurs 0,01% en capacités de raisonnement mathématique ou verbal. Ils constatent qu’à 38 ans, nombre d’entre ces surdoués occupent “des positions de leader dans le monde des affaires, de la santé, du droit, de l’éducation, des sciences, de l’ingénierie et des mathématiques”. On est donc loin du cliché souvent véhiculé du surdoué “inadapté”.

QI et études supérieures

En 1996 est publiée une étude de référence de l’American Psychological Association sur les connaissances établies de façon consensuelles dans le monde de la psychométrie. Il s’agit de “Intelligence : Knowns and Unknowns” de Neisser et al. Ils notent que “les résultats des tests d’intelligence prédisent modérément bien les différences individuelles dans les résultats scolaires, avec une corrélation d’environ 0,50 avec la moyenne générale et 0,55 avec le nombre d’années d’études effectuées.”

Dans “Intelligence and Educational Achievement” (2007), Deary et al. concluent que “la corrélation entre un trait d’intelligence latent et un trait latent de réussite scolaire (les scores du GCSE) est de 0,81”.

En 2007, Colom & Florez-Mendosa publient “Intelligence Predicts Scholastic Achievement Irrespective of SES Factors: Evidence from Brazil”. Leur conclusion, qui est devenue le titre de l’article est que l’intelligence prédit la réussite scolaire indépendamment des facteurs socio-économiques.

En ce qui concerne la causalité, elle a été étudiée dans “Psychometric intelligence and achievement: A cross-lagged panel analysis” de Watkins et al. (2006). Selon cet article, “il semble que le QI ait une influence causale sur les futures mesures de réussite scolaire, alors que les mesures de réussite scolaire n’influencent pas de manière substantielle les futurs scores de QI”. C’est donc le QI qui est à l’origine des bons résultats scolaires, et non l’inverse.

Niveau professionnel atteint

En 2018, Hegelund et Flensborg-Madsen publient “Low IQ as a predictor of unsuccessful educational and occupational achievement: A register-based study of 1,098,742 men in Denmark 1968–2016” dans la revue Intelligence. Ils y établissent “qu’un QI faible était un prédicteur fort et cohérent de tous les indicateurs de réussite scolaire et professionnelle”, et donc en particulier de niveau professionnel atteint.

Dans leur important article “General Mental Ability in the World of Work: Occupational Attainment and Job Performance” (2004), Schmidt et Hunter écrivent que la capacité mentale générale (c’est-à-dire le QI ou l’intelligence générale) “prédit à la fois le niveau professionnel atteint et les performances dans la profession choisie, et ce mieux que toute autre capacité, trait ou disposition et mieux que l’expérience professionnelle”. Ils ajoutent que “l’importance de ces relations avec l’intelligence est également plus grande que la plupart de celles que l’on trouve dans la recherche psychologique”. Schmidt et Hunter concluent également sur le fait que l’intelligence “est d’une importance capitale dans les affaires humaines” et a un “rôle central dans le monde du travail”.

La corrélation du QI avec la performance au travail

Comme je viens de le mentionner, Schmidt et Hunter (2004) ont établi la corrélation entre QI et performance au travail. En 1996, dans “Intelligence and job performance : Economic and Social Implications”, ils écrivaient déjà que “la capacité mentale générale (intelligence) est le principal déterminant des grandes différences individuelles dans le rendement au travail”.

En 1992, Ree et Earls publient l’article bien-nommé “Intelligence Is the Best Predictor of Job Performance” qui signifie littéralement “l’intelligence est le meilleur prédicteur de la performance au travail”. Dans “Why g matter : the complexity of everyday life” (1997), la spécialiste en psychométrie Linda Gottfredson écrit quant à elle que “les recherches sur la sélection du personnel fournissent de nombreuses preuves que l’intelligence (g) est un prédicteur important de la performance en formation et au travail, en particulier dans le travail de haut niveau”.

QI corrélation
Plus la tâche est complexe, plus la corrélation entre
le QI et la performance au travail est élevée

Niveau de coopération entre les individus

En 2018, Eugenio Proto, Aldo Rustichini, et Andis Sofianos publient “Intelligence, Personality, and Gains from Cooperation in Repeated Interactions” dans lequel ils établissent que “l’intelligence a un effet important et positif à long terme sur le comportement coopératif” au sein d’un groupe.

Taux plus faibles de la plupart des maladies mentales

Dans “Intelligence in Early Adulthood and Subsequent Hospitalization for Mental Disorders” (2010), Gale et al. concluent que : “une intelligence faible est un facteur de risque pour toute la gamme des troubles mentaux et pour la gravité des maladies”.

La corrélation du QI avec une meilleure santé physique

En 2004, Linda Gottfredson publie “Intelligence: is it the epidemiologists’ elusive “fundamental cause” of social class inequalities in health?” où elle s’interroge sur la “cause fondamentale” des inégalités en termes de santé entre les différentes classes sociales. Son article “concatène divers ensembles de preuves pour démontrer que les différences d’intelligence générale (g) peuvent en être la cause fondamentale”.

La même année, elle publie avec Deary “Intelligence Predicts Health and Longevity, but Why?”. Ils écrivent : “De vastes études épidémiologiques portant sur presque toute une population en Écosse ont révélé que l’intelligence (telle que mesurée par un test de type QI) pendant l’enfance permet de prédire des différences substantielles dans la morbidité et la mortalité des adultes, y compris les décès dus aux cancers et aux maladies cardiovasculaires. Ces relations restent significatives après contrôle des variables socio-économiques.”

Dans “Intelligence in youth and health at age 50” (2015) de Wraw, Deary et al., on peut lire : “Une intelligence plus élevée chez les jeunes est liée à une meilleure santé physique à l’âge de 50 ans, et à un risque plus faible de maladies chroniques”.

Un risque de décès plus faible pour la plupart des causes et une espérance de vie plus élevée

Dans “Intelligence in young adulthood and cause-specific mortality in the Danish Conscription Database – A cohort study of 728,160 men” (2016), Christensen et al. rappellent qu’il y a “une association inverse bien établie entre l’intelligence au début de la vie et la mortalité toutes causes confondues”.

En 2007, Deary & Batty écrivent dans l’article “Premorbid (early life) IQ and later mortality risk: systematic review” que “dans toutes les études, un QI plus élevé au cours des deux premières décennies de la vie était lié à des taux de mortalité totale plus faibles au milieu et à la fin de l’âge adulte”.

O’Tool note en 1990 que l’intelligence est l’un des facteurs les plus importants prédisant la mortalité dans un accident de la route (dans l’article “Intelligence and behaviour and motor vehicle accident mortality”).

Dans l’étude “Longitudinal cohort study of childhood IQ and survival up to age 76” (2001), Whalley & Deary établissent également que “la capacité mentale à l’enfance est un facteur significatif parmi les variables qui prédisent l’âge de la mort”.

Comportement anti-social et violent, criminalité

En 2013, Tuvblad et Beaver publient l’article “Genetic and environmental influences on antisocial behavior” dans le Journal of Criminal Justice. Ils y montrent qu’un QI élevé était le facteur neuropsychologique qui protégeait le mieux contre les risques de comportement anti-social.

Dans “Association between intelligence quotient and violence perpetration in the English general population” (2018), Jacob, Haro & Koyonagi notent qu’au contraire, “un QI plus faible était associé à la perpétration de violences dans la population générale du Royaume-Uni”.

Conclusion

Nous avons dans cet article établi que le QI ou quotient intellectuel, mesure de l’intelligence générale d’une personne, était un indicateur très important car il est en corrélation positive avec un très grand nombre de traits désirables. En particulier, une intelligence plus élevée indique en général une plus grande réussite académique, un meilleur niveau social, un comportement pro-social et une espérance de vie plus grande. Inversement, un QI faible est plus souvent associé à des traits indésirables, tels qu’un taux de mortalité plus élevé, un risque de criminalité plus élevé et un comportement anti-social.

Bien entendu, il ne s’agit que de tendances et de corrélations, et il existe d’autres facteurs importants dans la vie d’un homme, comme par exemple les traits de personnalité issus du modèle des Big Five.

Dans le prochain article de cette série sur le QI, nous aborderons un point fondamental qui est le caractère héréditaire de l’intelligence, ainsi que la notion d’héritabilité.

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