Que penser de Valéry Giscard d’Estaing quand on est de droite ?

L’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing est décédé le 2 décembre 2020.

L’an dernier, c’est Jacques Chirac qui s’éteignait. A cette occasion, tout le système médiatico-politique lui avait rendu hommage, y compris des gens de droite “modérée” qui partagent bon nombre de mes constats sur la situation catastrophique de l’Occident.

J’ai été agacé en voyant ça, car je considère que Jacques Chirac est l’un des responsables de cette situation désastreuse. Et il est en fait responsable au même titre que tous les présidents de la Ve République depuis Pompidou, y compris Valéry Giscard d’Estaing. (Le cas de Charles de Gaulle étant un peu différent, je l’évoquerai dans un autre article.)

Aucun de ces présidents ne s’est opposé à l’influence idéologique grandissante de la gauche, qui s’est matérialisée de plus en plus fréquemment dans des décisions politiques depuis 50 ans. Ce faisant, la fenêtre d’Overton n’a cessé de se décaler vers la gauche, jusqu’à arriver à la situation actuelle, où le président fait danser des transgenres noirs dénudés dans la cour de l’Elysée lors de la fête de la Musique.

Il est donc nécessaire de remettre les pendules à l’heure sur tous les reproches qu’on peut faire à Valéry Giscard d’Estaing. Les actions des présidents de la Ve République ont eu des conséquences mortifères pour leur pays et leur peuple, et il n’y a pas de raison de se mettre à leur rendre un hommage vibrant lorsqu’ils meurent.

Je suis tombé sur un excellent texte de Jonathan Sturel qui a résumé exactement ce qu’il faut retenir sur le sujet. Tout ce qui suit en italique a donc été rédigé par Jonathan Sturel et je l’en remercie. Je me permets de le relayer ici :

J’étais d’abord tenté d’avoir sur VGE un regard nostalgique puisque l’évocation de cet ancien président rappelle à notre souvenir la France des années 70, tellement plus respirable et en fait tellement plus française que celle d’aujourd’hui. Il est vrai que sa disparition nous oblige à nous souvenir qu’il a existé quelque chose avant la «start up nation» du Macron ou le mariage gay de Hollande. Il suffit de revoir les images d’époque pour prendre conscience qu’en quelques dizaines d’années seulement, la France a changé de visage et d’anthropologie.

Mais justement, et c’est là que la tentation d’avoir sur VGE un mot nostalgique et chaleureux s’arrête brutalement, si la France a tellement changé c’est en grande partie à cause de lui. Il est l’un des artisans de cette grande politique qui a conduit à nous amener où nous sommes aujourd’hui. Puisque gouverner c’est prévoir, force est de constater qu’il n’a pas prévu les conséquences de ses choix notamment en matière d’avortement, de proto-féminisme, de clientélisme et d’immigration. Ou alors, et c’est pire, il avait tout prévu et cela lui convenait parfaitement. Dans les deux cas, il a ouvert les portes de l’enfer moderne et progressiste, à des degrés encore contrôlables à l’époque mais qui n’ont été contrôlés par personne. Le drame est ensuite d’avoir perdu contre François Mitterrand qui, avec sa clique, a pris la balle infernale des mains de Giscard pour la dégager du pied jusque dans les années 2020.

Nous n’oublions pas qu’après avoir travaillé à jeter les bases de la destruction de l’anthropologie française, il a travaillé à défaire la France au niveau politique et institutionnel en étant un artisan acharné de l’Europe, et particulièrement l’un des principaux acteurs du fameux Traité Constitutionnel Européen. VGE aura été, à tous les moments majeurs de son activité politique, un ennemi de la France, c’est-à-dire un homme qui aura consacré son temps et son énergie à défaire, disloquer, détricoter, désarticuler la France comme nation et les Français comme entité culturelle.

Il suffit de jeter un œil sur les hommages qui lui sont rendus depuis hier soir par tout ce que la République a produit de pire. On loue son féminisme, sa modernité, son progressisme, en somme on commence à tailler dans le marbre médiatique sa statue héroïque pour la postérité. Tout ce que ces gens vantent et apprécient doit recevoir, pour nous, la confirmation que ça sent mauvais et qu’il faut s’en éloigner.

Devenu très vieux, il aurait pu s’offrir le luxe que l’on s’offre à ces âges lorsqu’on n’a plus rien à perdre, et jeter un énorme pavé pour secouer les consciences, dévoiler des réalités de l’État profond, accuser certains réseaux, divulguer les noms de quelques besognards sordides qui agissent en coulisse. Il n’a rien fait de cela, et il meurt silencieusement alors qu’il en savait long, complice jusqu’à son dernier souffle.

Quant à nous, les Français authentiques, nous attendons toujours de pouvoir saluer un adversaire de qualité à qui nous pourrions rendre un hommage malgré nos différences politiques, comme Péguy le dreyfusiste avait rendu hommage aux anti-dreyfusistes en 1913. Mais nos adversaires sont toujours tous tellement médiocres que même cet honneur de saluer l’ennemi nous est retiré.

Bon voyage de l’autre côté, monsieur d’Estaing. Malgré tout.

NB : Jonathan Sturel anime une chaîne vidéos sur Youtube où il décortique des phénomènes comme les manipulations de l’opinion et le pouvoir des médias dans l’orientation des masses. Il intervient également sur la chaîne Radio Athéna. Il est aussi l’auteur d’un excellent livre sur le coronavirus : “Coronavirus, Autopsie d’un désastre politique”.

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7 commentaires

  1. Un mot pour résumer Giscard : Hétérotélie
    « Je fais le mal que je ne veux pas, je ne fais pas le bien que je veux ». L’hétérotélie c’est la transposition en politique de cette pensée de saint Paul. Certains auteurs l’appellent « l’ironie de l’histoire », d’autres la « dérive de l’histoire ». Le mot grec eteros signifie autre, le mot telos fin. L’hétérotélie est un résultat autre que celui que l’acteur principal avait à l’esprit à l’origine. Au cours de la décennie 1930, les pacifistes de France et d’Angleterre voulaient éviter la guerre. L’histoire a prouvé qu’ils l’ont plutôt provoquée, Hitler ayant profité du climat créé par eux pour accroître ses avantages par rapport à ses ennemis. Chez Hegel, l’hétérotélie devient une « ruse de la raison », chez Max Weber le « paradoxe des conséquences », chez Raymond Boudon, les « effets pervers ». C’est toutefois à Jules Monnerot que revient le mérite d’avoir élaboré la théorie la plus complète sur le sujet.

  2. Très bonne article. Mais je pense que ça aurait été de parler de la raison de ses choix politiques. C’est-à-dire quel a été le cheminement, l’influence qui a fait qu’il soit pour l’avortement par exemple etc.

  3. En effet VGE aura été le premier fossoyeur de la France, les autres présidents l’achevèrent et continuent à la détruire, mais c’est nous le peuple qui en sommes responsable aussi.

  4. Pour ALB
    Hétérotélie = L’Enfer est pavé de bonnes intentions.
    Giscard et Veil ont ouvert, dans différents registres, des boites de Pandore. Une fois ouvertes, même prudemment au début, elles ont fini par ne plus pouvoir être refermées.
    Une créature finit souvent par échapper à son Créateur.
    Ici pour le plus grand malheur d’une nation, et de son peuple, au nom d’une modernité et d’un progressisme de pacotille.
    Ce pays est cuit et notre destin funeste. Ceci par la faute d’apprentis sorciers, comme VGE et ceux qui l’ont succédé.

  5. Je ne vois pas les raisons pour lesquelles on créditerait ce grand bourgeois de “bonnes intentions” ! On le crédite d’un cerveau performant, en effet, à son époque, passer un baccalauréat latin, grec, sciences et “finir” à Polytechnique le justifie. On ne peut, en conséquence, le créditer de n’avoir pas voulu les conséquences de ses actes, corroborés les uns par les autres, n’oublions pas, entre autres, qu’il avait qualifié le grand boucher, grand amateur des petites danseuses de ballet, de “phare de l’humanité”, ce n’est pas qu’un geste diplomatique ! Par ailleurs, il ne faut pas — une fois de plus — confondre l’Europe qui est une réalité et le lieu de notre culture multi-millénaire avec l’institution mondialiste, projection et vassale des États-Unis d’Amérique, qu’est l’Union Européenne ! La subversion commence par le vocabulaire ! Il n’y a qu’une voyelle de différence entre VGE et IVG !
    G.S.

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