Partie 1 : Les stocks
Bilan statique de la composition démographique française
S’il y a bien un sujet qui polarise l’opinion en France, c’est l’immigration. Impossible d’en parler sans que le ton monte.
Il est donc difficile d’avoir des informations claires sur ce sujet, qui prennent tous les chiffres en compte de manière objective et dépassionnée. Pourtant, la plupart de ces chiffres sont disponibles et sont même généralement publiés par l’INSEE.
Mais le système médiatique a tendance à mettre en avant les chiffres qui l’intéressent ou simplement à présenter les choses d’une manière fallacieuse, cachant au public des vérités parfois dérangeantes. En somme, l’idéologie prime systématiquement sur l’examen froid des chiffres de l’immigration.
Cette série d’articles permettra de résumer de la façon la plus limpide possible les données publiques sur l’immigration en France. Pour bien comprendre le phénomène, il est nécessaire de comprendre que la question migratoire ne se résume pas à calculer la proportion d’immigrés en France, ou le nombre de personnes d’origine étrangère qui entrent en France chaque année.
Se restreindre à certaines de ces données permet généralement de défendre le point de vue selon lequel l’immigration est un élément démographique mineur : par exemple, des journalistes malhonnêtes utilisent régulièrement le solde démographique pour expliquer que les chiffres de l’immigration sont risibles, sans tenir compte du fait que le profil des entrants et des sortants n’est pas identique, sans tenir compte de la pyramide des âges, et sans tenir compte de la natalité en France.
En réalité, il y a au moins trois paramètres à prendre en compte lorsqu’on étudie l’immigration française :
- les “stocks” : le nombre et la proportion actuels d’immigrés et de descendants d’immigrés en France. (c’est l’objet de ce premier article de notre série sur l’immigration).
- les flux : le nombre d’immigrés qui entrent (légalement ou non) en France et qui en sortent, ainsi que le nombre de Français autochtones qui émigrent.
- le solde naturel : la proportion, parmi les naissances en France, d’enfants d’immigrés, ou d’enfants à ascendance extra-européenne.
Par ailleurs, ces données ne peuvent pas s’étudier uniquement de façon statique : l’évolution de chacun des paramètres au cours des dernières années est une information primordiale qui nous donne une indication sur l’évolution future.
Pour ce premier article, nous nous intéressons aux “stocks”, c’est-à-dire aux nombres actuels d’immigrés et de descendants d’immigrés en France, selon leur origine.
Selon les données de l’INSEE et du recensement de la population, on a en 2016 :
- 66,6 millions de personnes en France
- 2,992 millions d’immigrés d’Afrique, soit 4,5% de la population
- 940 000 immigrés d’Asie, soit 1,41% de la population
- 388 000 immigrés d’Amérique ou d’Océanie, soit 0,58% de la population
- un total de 4,32 millions d’immigrés non originaires de l’Europe soit 6,5% de la population
Source : INSEE, recensements de la population et estimations de population
Selon les données de l’INSEE, on a en 2018 :
- 3,305 millions de descendants directs d’immigrés d’Afrique, soit 5% de la population
- 722 000 descendants directs d’immigrés d’Asie, soit 1,1% de la population
- 310 000 descendants directs d’immigrés d’Amérique, soit 0,5% de la population
- un total de 4,337 millions de descendants directs d’immigrés extra-européens soit 6,5% de la population
Source : INSEE, enquête Emploi 2018
On obtient ainsi un total de 8,657 millions d’immigrés ou de descendants directs d’immigrés extra-européens, soit 13% de la population. Si on s’intéresse à l’immigration dans son ensemble : 6,5 millions d’immigrés en 2018, soit 9,7% de la population, et 7,5 millions de descendants directs d’immigrés, soit 11,2% de la population. En tout, on obtient ainsi 14 millions de personnes, soit 21% de la population.
NB : Ces chiffres ne correspondent pas à l’année 2019 et il est probable qu’ils aient légèrement augmenté entre-temps. Par ailleurs, ces chiffres correspondent aux chiffres officiels des immigrés et descendants d’immigrés, mais ils sont une sous-estimation de la proportion effective d’individus d’ascendance extra-européenne. Or il se trouve que, alors que le terme générique d’immigration est généralement employé de manière commode, le facteur qui est selon nous le plus important est la proportion en France d’individus d’origine extra-européenne (cette affirmation fera l’objet d’un article prochain).
Conclusion : Nous disposons d’un premier chiffre, fondamental lorsqu’on s’intéresse à l’immigration, qui est la proportion d’immigrés ou de descendants directs d’immigrés extra-européens en France : environ 13% de la population.
Pour mesurer plus précisément l’évolution démographique de la France, vous pouvez également vous reportez vers cet article sur le Grand Remplacement en France.